La survie du corps dépend plus de celle de l’âme
que celle de l’âme ne dépend de celle du corps.
L’eau et la foi sont leur garants communs.
— Kitab al-Ibar: Premiers préceptes
Le jour où Toryn mit le premier pied sur Arrakis, il comprit que jamais plus il ne reverrait Rossak la froide, ses plaines enneigées et ses mers gelées, et tous les siens qui avaient dû y demeurer; les anciens, les plus faibles. La phrase d’Abnan, naib des Entio, prit tout son sens : car ils se nourriront de l’abondance des mers et du trésor des sables.
Ce fut aussi le jour où il rencontra pour la première fois les Iduali, cousins des Entio, dont les ancêtres avaient été séparés une quinzaine de générations auparavant. Les Iduali avaient alors été déportés avec d’autres Zensunni sur Ishia après avoir résisté aux programmes d’entraînements des Sardaukars sur Salusa Secundus. Ishia, planète austère car très chaude et aride. On n’y survivait pas sans l’aide de l’Empire.
Toryn savait pertinemment que ceux d’Ishia avaient payé leur voyage à la Guilde en partie par la promesse de récolter l’épice destinée aux Navigateurs. Abnan avait tout fait pour que ceux de Rossak profitent aussi de cette offre. Il s’était arrangé pour qu’ils soient débarqués sur Arrakis en même temps que ceux d’Ishia. A présent, les deux peuples se faisaient face, pour la première fois depuis plus de trois millénaires. Sur une planète plus austère encore que tout ce qu’ils avaient tous pu connaître. Continuer la lecture