La science-fiction et le cinéma font bon ménage depuis la création du 7éme art. En 1902 Georges Mélies avec son « voyage dans la lune » inaugurait un genre qui allait propulser l’imaginaire des cinéphiles vers des ailleurs qu’ils n’auraient jamais imaginé atteindre.
Mais si la science-fiction semble être une source d’inspiration et de décors inépuisable pour l’industrie du cinéma il faut avouer qu’au final peu de films mettent en avant de vraies idées et réflexions développées par les auteurs de science fiction.
Par exemple « Star wars » « Starship Trooper » ou « Alien » se situant dans des décors de science-fiction auraient pu se dérouler tout à fait dans un monde médiéval un western ou le monde actuel tout en conservant leur histoire intacte.
Ce n’est pas le cas des 10 films que je vous propose aujourd’hui qui ont fait avancer les thèmes majeurs de la Science-Fiction au cinéma. Action !
1 – « Metropolis » de Fritz Lang (1927)
« L’action se déroule en 1926 dans Metropolis, mégapole futursiste où l’élite vit au sommet de gigantesques gratte-ciel alors que les ouvriers s’entassent dans la ville souterraine. Freder, fils du maître de Metropolis, tombe amoureux de Maria, une jeune femme aux allures de sainte, qui prêche l’amour, la patience et la paix aux gens d’en bas. Rotwang, une espèce de savant fou, kidnappe Maria et donne son apparence au robot qu’il a construit pour satisfaire le maître de Metropolis qui croit pouvoir exercer un controle sur les ouvriers grace a ce simulacre. Le robot incite les ouvriers à faire une révolution et à casser les machines (source) »
Metropolis n’est pas seulement un film fondateur du cinéma de science-fiction il est aussi l’un des premiers films invitant ses spectateurs à une réflexion poussée sur des futurs possibles.
Réflexion sur l’évolution d’un modèle de société basé sur l’industrialisation et son exploitation sous-jacente du potentiel de travail des ouvriers. Réflexion sur l’évolution des castes générée par ce modèle augmentant l’écart entre riches et pauvres (toujours d’actualité).
Enfin c’est la première fois ou il y a une réflexion sur le robot sa place dans la société et son potentiel à devenir humain. Un esclave mécanique peut-il s’affranchir des objectifs qui ont été définis lors de sa fabrication pour se rapprocher de l’humanité ? Une réflexion de fond qui fera le fond de commerce du bon docteur Asimov.
Ce film reprend un bon nombre de choses connues par ailleurs faisant souvent partie de la mythologie, des légendes (pas encore urbaines) et des romans fantastiques. C’est le cas de tous les films de cette liste. La Science-fiction écrite est toujours largement en avance sur ses avatars cinématographiques. Mais le sujet de cet article est de parler uniquement du cinéma n’est-ce pas ?.
Un robot peut-il faire preuve d’engagement social, alors qu’il est par conception un esclave mécanique ?
2 – « Planéte interdite » (Forbiden planet) de Fred McLeod Wilcox (1956)
« 2200… La soucoupe C 57D, dirigée par le commandant Adams, se rend sur la planète Altair IV pour y prendre des nouvelles d’une expédition terrienne. Ils ne découvrent que deux seuls survivants : le docteur Morbius, sa fille Altaira et leur robot de compagnie. Morbius leur apprend que les autres colons ont été décimés par des puissances insondables hantant Altair IV, planète autrefois peuplée par les Krells. Une civilisation ayant atteint un degré d’intelligence extrêmement élevée avant de disparaître mystérieusement. » (source)
Réalisé par un Fred ML Wilcox qui n’a pas fait grand-chose d’autre que ce film (et des films de la série « Lassie chien fidèle »), planète interdite est un film souvent oublié au panthéon des films de Science-fiction. Pourtant il a été la source de bien des choses qui ont fait la science-fiction moderne.
Par exemple le monstre (animé par Ray Harryhausen) est surement une des sources d’inspiration d’Alien et la musique novatrice de ce film réalisée au « Thérémine » et « Ondes Martenot » a fait connaître au grand public l’existence de la musique électronique (utilisé plus tard par « les Beach boys », « Kraftwerk », « Jean Michel Jarre » ou « Daft punk ».
Je passerais sur le fait que « Robby » est le premier « robot star » de l’histoire du cinéma qui sera plus tard utilisé dans un bon nombre de films ou série TV.
Les thèmes abordés par ce film sont les limites de l’avancée de la science, l’héritage extraterrestre, l’hyperespace et encore une fois les possibilités d’humaniser un robot (car un bon majordome doit absolument être le plus humain possible ^^).
Bon vous allez me dire que cette histoire est en fait la reprise d’une pièce fantastique de William shakespeare qui n’avait rien de spatial. Certes mais la réflexion que l’on peut trouver dans ce film sur les causes de la déchéance des Krells ou l’apprentissage humain de Robbie face aux réaction des terriens est bel est bien un contenu de Science-fiction que l’on retrouvera plus tard.
A la poursuite du progrès les scientifiques ne vont-ils pas précipiter en toute bonne foi l’humanité à sa perte ?
3 – « La planète des singes » de Franklin J. Schaffner (1968)
« Parti en 1972 l’engin spatial américain Icare, traverse l’espace à une vitesse proche de la vitesse de la lumière. Au terme d’un voyage de 18 mois, le vaisseau s’écrase sur une mystérieuse planète, au cœur d’une région désertique. Les survivants du crash, découvrent très vite que ce monde est peuplé d’hommes primitifs dominés par une race de singes très évolués. Bientôt, Dodge est abattu par les singes, Landon capturé, de même que Taylor, de surcroît blessé à la gorge. Deux scientifiques, Zira et Cornélius, s’intéressent de près à Taylor. »
Soutenu par d’excellents maquillages (qui ont nettement fait avancer cette discipline), la planète des singes nous pousse à la réflexion suivante : Pourquoi l’homme est-il devenu le maître de la terre ?
Le Chimpanzé avec un ADN comparable à celui de l’homme à 99% aurait pu grâce à son intelligence certaine accéder à ce poste (à l’époque on pouvait s’en douter mais on ne le savais pas). Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si les singes dans ce film les plus proches de notre héros sont des chimpanzés.
Pour quelle raison l’homme a-t-il accédé à l’intelligence et à la maîtrise de son environnement là ou notre cousin simien est resté un simple animal ? Si les choses étaient inversées, comment cela se passerait ?
Pour un film d’aventure dans un futur hypothétique c’est une sacrée source d’interrogation à laquelle Hollywood répond que l’homme a précipité sa chute dans une apocalypse nucléaire (exploitant ainsi une des grosse peur des années de la guerre froide). Contrairement au roman de Pierre Boulle ou l’idée de continuation de l’évolution naturelle, de « destruction créatrice » homme -> singe est exploitée à son terme.
Darwin aurait-il pu savoir que le futur de l’homme c’est le singe ?
4 – l’Age de cristal (Logan’s run) Michael Anderson (1976)
« L’Âge de cristal se place dans un monde (supposé) post-apocalyptique où les humains vivent enfermés dans des villes bulles, en l’an 2274. Leur mode de vie, géré par des ordinateurs et des automatismes est très agréable. Mais afin de limiter la surpopulation et de pouvoir gérer les ressources alimentaires rationnées, la vie des individus est limitée à 30 ans, âge auquel chacun est invité à une cérémonie publique appelée le carrousel, où, sous couvert de renaissance, son corps est purement et simplement désintégré. Pour détecter cette phase, chaque humain est implanté d’un cristal lifeclock (=horloge de la vie) dans la paume de sa main qui change de couleur à l’approche du dernier jour. »
Plusieurs thèmes classique de la SF sont évoqué dans ce film comme la peur de la surpopulation typiquement « seventies » et la confiance que l’on peut accorder à une machine pensante prétendument mieux informée et supérieurement intelligente pour gouverner l’homme.
Une autre réflexion est la pertinence d’un système de gouvernance figé face aux inévitables changements induits par un environnement évolutif :
Lorsque Logan 5 et Jessica 6 sortent du dôme ils se rendent compte que la seule raison qui maintient l’humanité sous les dômes est une évaluation ancienne de ce qui fait la qualité de vie. Une estimation qui n’est plus du tout en rapport avec la réalité. Les installations des dômes se dégradant au fil des années la population vivant sous les dômes est destinée à s’éteindre à cause de cet écart entre des critères du passé et ceux d’aujourd’hui.
Encore une fois une réflexion toujours d’actualité : L’homme ne devrait-il pas renoncer au confort pour assurer sa survie ?
5 – 2001 Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick (1968)
« 2001, l’Odyssée de l’espace retrace, à travers différentes époques, le rôle joué par une intelligence inconnue dans l’évolution de l’humanité.
A l’aube de l’humanité une tribu d’australopithèques découvre un imposant monolithe noir. Après l’avoir touché, ils ont soudain l’idée de se servir d’os comme armes et apprennent à tuer du gibier.
En 1999, un scientifique américain, se rend sur la Lune pour enquêter sur une anomalie magnétique provoquée par un monolithe noir. Celui-ci aurait été volontairement enfoui dans le sous-sol lunaire, quatre millions d’années plus tôt. Peu après avoir été touché le monolithe, émet une puissante onde radioélectrique en direction de Jupiter.
En 2001, le vaisseau Discovery One fait route vers Jupiter. Son équipage est composé de deux astronautes, Dave Bowman et Frank Poole, de trois savants maintenus en hibernation, et de HAL 9000, un ordinateur de bord doté d’une intelligence artificielle. Un jour, Bowman et Poole découvrent un dysfonctionnement de HAL 9000. Ils s’inquiètent des conséquences de cette découverte sur le bon déroulement de leur mission et envisagent de déconnecter HAL pour parer à tout incident ultérieur. S’estimant indispensable à la mission, HAL décide alors de se débarrasser de ses partenaires humains… »
Le nombre de thèmes traités par ce film est tellement vaste qu’il mériterait un article de ce blog à lui tout seul.
Tout d’abord il répond à sa façon à la question posée par « la planète des singes ». Pour accéder à une intelligence supérieure qui a fait de lui l’homme, notre ancêtre à reçut une aide venue d’ailleurs (on imagine quelle est extra-terrestre car la piste que l’on suit s’éloigne de notre planète). Un « coup de pied au c.. » qui finit par propulser un équipage humain (+ HAL 9000 une Intelligence Artificielle pas forcément invitée) dans la banlieue de Jupiter.
On voit enfin une véritable AI au cinéma. Les penseurs électroniques inquiétants qui l’on précédé avaient une logique mécanique qui faisait peur mais l’homme avait toujours pour lui le surcroit d’intelligence et de sensibilité qui lui permettait de triompher à la fin. HAL 9000 bien que battu à la fin du film ne faisait pas uniquement preuve de logique mais également d’une sensibilité qui prouve sa qualité d’entité aussi intelligente que l’homme.
Enfin à la fin du film Dave Bowman fait une rencontre avec une entité qui fait toucher du doigt au spectateur la difficulté de communiquer avec un être doué d’une intelligence extraterrestre n’ayant rien en commun avec la notre.
On se demande d’ailleurs comment HAL 9000 s’en serait sorti si c’était lui qui avait survécu au final ?
Quand on s’aperçoit que ce film (et ses sublimes effet spéciaux réalisé par Douglas Trumbull) date de 1968 (oui 10 ans avant Star Wars) on se dit que Stanley Kubrick à reçut lui aussi la visite d’un monolithe noir.
L’intelligence artificielle ou extraterrestre est-elle forcément bienveillante pour l’humanité ?
Voilà c’est fini pour les 5 premiers films de ma sélection. Rendez-vous dans quelques jours pour parler de :
- Godzilla,
- Blade runner,
- Terminator 2
- Matrix,
- Bienvenue à Gattaca
Godzilla? C’est pas un des noms qui me serait venu à l’esprit..
Pourtant ce film à largement contribué a faire avancer le développement de la SF comme on va le voir bientôt ^^
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